PORTRAIT DE MARIN : HUGO PLANTET, ORANGE MARINE

Dans la période difficile que nous traversons, les marins continuent de travailler permettant ainsi l’approvisionnement des marchandises et le maintien des services indispensables comme la pose et l’entretien des câbles sous-marins qui véhiculent 99% des données numériques. Hugo Plantet, capitaine chez Orange Marine, nous raconte son expérience à bord des câbliers. 

 

  1. Parlez-nous un peu de votre parcours. Comment êtes-vous arrivé dans la marine ? 

 

Je pense que deux aspects ont été déterminants. Les sorties « pêche » avec mon grand-père en rade de Brest dans mon enfance, puis le voilier familial qui m’ont transmis une passion pour la mer.

 

Après un bac scientifique et une première année de fac de science, je me destinais à des études d’architecte naval, mais il s’est rapidement avéré que cette filière, ainsi que la faculté, étaient trop indécises pour un esprit cartésien comme le mien… Il me fallait du concret ! Et c’est un peu par hasard, suite à la recherche de métiers maritimes que j’ai passé le concours de C2NM (Capitaine 2eme classe Navigation Maritime) pour intégrer au plus vite la filière à la rentrée scolaire de l’École Nationale Marine Marchande de St Malo* en 1995, à 20 ans, après un premier stage d’embarquement préscolaire sur l’Abeille Flandre à Brest. J’ai ensuite eu l’opportunité d’être élève à bord des câbliers d’Orange Marine, compagnie pour laquelle je travaille encore aujourd’hui. J’ai également rattrapé le cursus C1NM (1ere classe) en 2001 au Havre, afin de pouvoir être commandant ou chef mécanicien sur tout navire, sans limitation de puissance.

 

  1. Quelle est, selon vous, la qualité indispensable à un capitaine ? 

 

La sérénité, associée à un engagement pour le navire et sa mission. Mais surtout, l’engagement et l’écoute envers les hommes qui en constituent l’équipage, et sur lesquels le capitaine s’appuie dans un climat d’échange et de confiance.

 

  1. Racontez-nous votre « journée-type » de navigation.

 

Garant de la bonne marche de l’expédition maritime pour le compte de son armateur, le commandant est focalisé sur l’opérationnel en mission et sur la conduite du navire. Il doit aussi s’assurer de la bonne marche des différents services en termes de ressources humaines et matérielles, en lien avec les soutiens à terre. Le commandant veille également à la mise à jour des aspects réglementaires, dans le contexte d’une industrie dans laquelle les démarches administratives prennent de plus en plus de place. Une journée type est donc un équilibre entre le bureau et l’activité du navire, très variable selon la situation du navire.

 

  1. Quel est votre meilleur expérience sur un navire câblier ?

 

Je citerais quelques souvenirs de navigation et d’escales, comme le transit Malte-Sydney effectué en tant que jeune lieutenant et pour lequel j’avais l’impression de partir pour une aventure extraordinaire ! Ce qui fut le cas, avec une ambiance formidable à bord, notamment pour mon premier passage de la ligne (équateur) qui avait été l’objet d’une belle cérémonie traditionnelle. L’arrivée à Sydney et le passage du navire devant le fameux opéra après 40 jours de mer fut un souvenir exceptionnel, surtout que mon amie m’attendait là-bas pour un mois de vacances.

 

Plus récemment, une pose de câbles en Martinique-Guyane, avec deux escales à Cayenne et une navigation particulièrement intéressante dans le fleuve pour y accéder : port à marée où le chenal est étroit et soumis aux courants, dans une atmosphère tropicale des plus dépaysantes ! Ou encore, une pose dans le lagon de Mayotte, via une passe dans le récif corallien. Ce n’est pas tous les jours que l’on voit le fond en posant du câble !

 

D’autre souvenirs d’escales mémorables me reviennent pêle-mêle : Hong-kong, Rotterdam, Curaçao, Belfast, Singapour, Le Cap, Recife, Bali…avec parfois quelques opportunités magiques de balades.

En termes d’expériences techniques, la pose dans le courant traversier de 3nds Nord Brésilien pour relier la Guyane était riche d’enseignement. Cet exploit a été réalisé sur le navire N/C Pierre de Fermat.

L’esprit d’équipe dans les coups durs, comme par exemple les éventuelles avaries machines, sont aussi la source de grandes satisfactions du travail accompli en groupe.

 

*devenue l’ENSM aujourd’hui 

 

Crédits photos : © Orange Marine- Vard - Harald M.Valderhaug

Date publication: 
Jeudi, 23 avril, 2020 - 16:30
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