COLLOQUE : VERS DES NAVIRES ET DES AERONEFS SANS EQUIPAGE ?

Les 9 et 12 décembre, l’École Militaire a accueilli, à Paris, le colloque organisé par l’Académie de Marine et l’Académie de l’Air et de l’Espace autour de la thématique des navires et aéronefs sans équipage. Plusieurs représentants de compagnies maritimes françaises étaient présents, ainsi qu’Armateurs de France, partenaire de l’évènement.  

 

 

Le colloque, qui réunissait de nombreux spécialistes de l’automatisation dans les transports, de l’intelligence artificielle et des questions techniques, opérationnelles, assurantielles ou juridiques, a permis aux participants de s’interroger sur des problématiques variées allant des perspectives technologiques, à la dimension humaine de l’automatisation. Parmi les enjeux inhérents à l’adoption de navires et aéronefs sans équipages, des dimensions communes aux secteurs aérien et maritime ont été relevées :

 

La nécessité de concilier les attentes des exploitants et l’offre des constructeurs. La vision d’un opérateur maritime a ainsi été présentée par Louis Dreyfus Armateurs.

 

Les enjeux de sécurité, et de cybersécurité, centraux dans les débats ont été soulignés, et ce, notamment, pour mettre en lumière le rôle de l’élément humain dans l’amélioration constante des systèmes de gestion de la sécurité à bord des avions, des navires et au sein des compagnies. IX Blue a fait part des progrès déjà réalisés en la matière, avec les passerelles intégrées et les solutions de réalité augmentée, de E-positioning et de détection d’obstacles développées pour les navires. Antoine Person, Secrétaire Général de Louis-Dreyfus Armateurs a rappelé que les équipages étaient déjà fortement réduits aujourd'hui « 20 personnes sur un vraquier, par exemple, alors que seules 7 à 8 personnes sont uniquement dédiées à la conduite du navire » C'est en effet l'équipage présent à bord qui assure l'entretien du navire lors des traversées. « Ne plus réaliser cet entretien en mer, en temps masqué, peut se révéler extrêmement coûteux » a signalé M Person. Par ailleurs, « La technologie doit nous permettre de réduire les abordages en mer (MTCAS1 par exemple), améliorer la conduite des opérations sensibles comme le positionnement dynamique d'un navire de service, etc… » a-t-il affirmé.

 

Les enjeux d’emploi et de formation, car comme ont pu le rappeler plusieurs intervenants l’automatisation croissante n’est pas de nature à écarter l’emploi de personnels. L’intervention de l’homme est en effet rendue nécessaire pour des tâches qui ne sont pas strictement liées à la navigation, comme la maintenance, la fabrication ou la programmation des machines autonomes. Toujours garder en tête le coût d'équipage, comparé aux systèmes capables de « les remplacer ». Le navire totalement autonome n'existera que s'il a un intérêt économique. Or les 3 principaux business modèles maritimes (liner / tramp / services) ont des caractéristiques très différentes, impliquant des coûts d'équipage très variables dans la somme des Opérations d'Exploitations (Opex).

Le coût d'équipage représente souvent qu'une très faible fraction des dépenses d'exploitation (5% pour un vraquier par exemple). Cela réduit l'intérêt soi-disant évident de remplacer l'homme par la machine.

 

L’acceptabilité sociale de ces nouveaux engins, et toutes les questions liées à la perception de ces nouvelles machines par leurs utilisateurs et l’ensemble de la population

 

Les enjeux juridiques associés à l’utilisation de navires et aéronefs sans équipage, qui ont été débattus, particulièrement en ce qui concerne les questions de responsabilité, de qualification de ces nouveaux « objets » flottants ou volants, et d’assurance. La Fédération des pilotes maritimes, représentée par Jean-Philippe Casanova, a mis l’accent sur le rôle crucial joué par l’Organisation Maritime Internationale (OMI) pour développer une réglementation encadrant le statut et l’utilisation des navires sans équipages.

 

Enfin, Antoine Person a attiré l'attention sur le risque inéluctable, en automatisant les navires, de réduire la capacité des marins à pratiquer des sauvetages en mer.

 

Les échanges ont ainsi permis de relever l’importance d’une collaboration approfondie de l’ensemble des acteurs publics et privés intéressés pour répondre aux nombreux enjeux portés par les navires et aéronefs sans équipages.

 


1 : MTCAS : Maritime Traffic and Collision Avoidance System

Date publication: 
Jeudi, 12 décembre, 2019 - 15:45
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