CHAPITRE 4 - JOURNAL DE L'INFIRMIÈRE À BORD DU PIERRE DE FERMAT : SONIA MÉRIAUX AVRIL-MAI 2020

Seizième jour, jour de déconfinement pour l’infirmière à bord du Pierre de Fermat. Sonia Mériaux relatait dans le troisième chapitre de son journal son expérience du repas de Pâques sur le navire ainsi que les nouvelles découvertes qu’elle faisait.  Elle racontait ainsi ses jours de confinement depuis son embarquement. Retrouvez la quatrième partie du Journal de bord de l’infirmière.

Le dernier épisode sera partagé très bientôt.

 

Jeudi 16 Avril : J16

THE LAST DAY : Dernier jour de confinement

Le navire fait toujours route sur Brest, HPA vendredi à 7 heures (Heure à laquelle on récupère le pilote pour la manœuvre du navire jusqu’au quai.)

L’équipage, les personnes de la mission ; tout le monde continue le rangement, l’entretien.

 

 

Dernier jour de confinement pour nous. On sera libéré, délivré demain matin. Un gros stress en moins. Malgré toutes les mesures prises avant et pendant l’embarquement, le risque 0 n’existe pas (réf : CDG).

14 jours c’est peu mais dans ce contexte le temps n’a pas la même saveur.

On est en route vers Brest ; on arrivera à 7 heures du matin. Les travaux sont terminés, on rentre à quai en attendant de nouveaux travaux. J’ai hâte de voir qu’elle va être le comportement des autres membres d’équipage vis-à-vis des dés confinés.

La préoccupation depuis plusieurs jours concerne la relève : qui ? quand ? comment ? les spéculations fusent de tous côtés.

Pas de gros soins à bord et tant mieux. Je suis toujours en phase découverte et à mon avis je n’aurai pas le temps de tout voir ni de tout connaître.

 

Voici ma dernière découverte : le télégramme, célèbre quotidien Breton que l’on peut lire sur le réseau interne. J’ai trouvé un nouvel ami, un coach, il propose des exercices avec photos à l’appui. Ni une ni deux j’ai imprimé les exercices, je les afficherai dans ma cabine. C’est décidé je m’y mets. Jusqu’à maintenant je pratiquais le gainage-tangage (oui, le navire bouge un peu), je vais donc pouvoir diversifier les exercices. Avec tout ce qu’on mange et sans accès à la salle de sport, j’ai peur pour ma silhouette. Je ne veux pas que mon corps de « sirène » se transforme en thon !!!

 

Je lis, j’écris, je rêvasse, je profite de la vue, du bon air, j’observe, j’écoute… Et je fais comme tout le monde, une micro sieste avant de reprendre le travail à 14h

7h30 - 11h30 et 14h00 - 18h00, tous les jours.

Pas de repos.

A partir de demain, accès illimité sur le navire

 

 Vendredi 17 Avril 2020 : J20

THE D DAY / Journée des « dé » : déconfinement, « démasqué », délivrance (plus de contrôle de température, ni de port du masque), décompression.

À 6h15, je suis arrivée à la passerelle. Il fait encore nuit dehors et pas ou peu de lumière dans la passerelle, seulement les lumières des ordinateurs.

 

 

Le commandant a laissé l’officier Nav faire la navigation jusqu’au port de Brest. J’aperçois les côtes bretonnes, les lumières des maisons. L’officier donne les consignes au timonier pour les changements de cap. Il est très actif, passant de la carte de navigation papier, au visuel du navire sur l’écran, vérifiant ses calculs en s’éclairant de sa lampe torche. Il n’a pas cessé de passer d’une tâche à l’autre jusqu’à je descende à la coupée réceptionner le pilote (il est arrivé en canot à moteur et est monté sur le pont arrière en escaladant l’échelle en bois).

Il est 7h du matin. Je contrôle sa température, il porte déjà son masque. Les consignes sont claires, en cas de température il ne monte pas à bord.

Je n’ai pas pu assister à toute la manœuvre à quai, j’ai été occupée à l’infirmerie. Mais aussitôt les aussières mises, la valse du déchargement (matériel, poubelles…) a commencé, puis il y a eu la livraison du fuel (6 citernes, plus de 4 heures), des vivres (frais, congelés). Nous avons réceptionné les palettes (9), vérifié la quantité et la qualité des produits, les températures au sein de la palette, les dates de péremption. Une chaîne humaine a pris place pour ranger les produits frais, congelés, les conserves, les bouteilles...

 

 

En une journée, le navire a fait le plein, il est prêt à repartir. Cela semble simple. Mais avant d’arriver à quai, tout est anticipé, c’est une véritable organisation qui ne laisse pas la place au hasard. Les livreurs ont même des horaires de livraison qu’ils doivent, dans la mesure du possible, respecter. Avec le Covid-19, tout a été pensé pour qu’il n’y ait pas de contact avec les livreurs. L’équipage ayant accès au quai était muni de masque, gants.

Maintien des mesures barrières et des distances de sécurité.

Cette journée est passée si vite. À peine le temps de savourer ce premier jour de « liberté », il y a eu quelques blagues sur nos nouveaux visages « démasqués ». Je suis un peu fatiguée, debout depuis 5h45, mais surtout je me sens tellement soulagée qu’il n’y ait eu aucun cas de Covid-19.

La tradition veut qu’il y ait un pot à chaque fin de mission. Le commandant et le chef de mission ont souhaité le faire à quai plutôt que sur le transit de retour.

Date est prise pour demain soir à partir de 18h30.


Crédits photos : ©  Laurent Miquel

Date publication: 
Lundi, 14 septembre, 2020 - 12:30
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