Embarquée depuis 5 jours, l’infirmière à bord du Pierre de Fermat est encore en quarantaine. Équipée de masques et gants, elle a accès à la passerelle et au pont arrière duquel elle profite du soleil et de l’air. Sonia Mériaux raconte dans le premier chapitre de son journal de bord ses premiers jours de vie sur un navire. Petit déjeuner, routine matinale, Sonia décrit sa rencontre avec le chef de mission qui lui fait découvrir le poste de surveillance et de télécommande du ROV.
Retrouvez la seconde partie du « Journal de l’infirmière à bord du Pierre de Fermat : Sonia Mériaux Avril-Mai 2020 ». Les prochains épisodes seront partagés très bientôt.
Dimanche 5 avril 2020 : J5
Je suis en avance, trop tôt pour le petit déjeuner (je suis descendue et remontée) je croise le chef de mission qui m’accompagne voir le poste de surveillance et de télécommande du ROV (robot amphibie équipés de chaînes pour avancer dans les fonds marins, de caméras, de bras articulés pour récupérer le câble), alias HECTOR 7.
Le pilote ROV est à son poste de travail, il guide le ROV grâce à une télécommande et aux écrans. Leur travail, demande beaucoup de concentration, ils sont deux à chaque fois et se relaient régulièrement. La manœuvre a commencé vers 5 heures ce matin.
Il est 7 heures, ils aperçoivent le câble et moi aussi, il est en compagnie d’un crabe.( Il fait du rodéo dessus). C’est drôle.
Ils ont trouvé le câble, il faut trouver maintenant la partie défectueuse, cette nuit le navire a fait des « aller-retour pour localiser le câble mais surtout la partie défectueuse (en tout cas s’en rapprocher le plus) . Il semblerait que la panne ait été détectée il y a 15 jours, et les mouvements de l’eau, les marées, le sable dans le fond recouvre les câbles.
Hector est environ à 30mètres de profondeur. Dans cette zone, ils doivent souvent intervenir.
La plupart du temps se sont les pêcheurs en trainant leurs filets de pêche, ils endommagent les câbles. Pourtant ils n’ont pas le droit d’aller dans cette zone, ils le savent, mais voilà comme c’est interdit certains pensent qu’il y aura plus de poissons sur cette zone car moins de monde. On me dit que c’est surtout du poisson plat (sole).
Je les laisse travailler, la passerelle se trouve sur ma droite, je vois le commandant qui m’autorise à monter.
Le lever du soleil est magnifique, quelle vue depuis la passerelle, on se prendrait pour le maître du monde. La mer est toujours aussi calme.
Grâce au commandant, je comprends comment le ROV arrive à se déplacer, le navire lui, le suit. La bienveillance de l’ensemble de l’équipage est authentique, cela permet aussi de se sentir intégrer. Aujourd’hui je poursuis mon inventaire.
Pause à midi/ Repas amélioré : 2 entrées, plat de résistance, dessert : Merci le cuistot
On me propose de venir voir le câble endommagé qui a été remonté. On me donne des chaussures de sécurité, j’ai déjà le casque, c’est parti.
Le commandant me donne des précisions avec dessins à l’appui sur la remontée du câble, ce qui va être fait et comment. Maintenant c’est parti, les équipes vont travailler jour et nuit (système de quart) jusqu’à ce que tout soit réparé. Je suis toujours aussi surprise de cette harmonie dans les tâches entre les uns et les autres. Tout se fait dans le calme, la concentration et la précision. Ce soir j’y retournerai après mon travail.
Je m’attendais à voir remonter un gros câble, celui fait environ 10cm de diamètre. Il existe plusieurs tailles de câbles, cela dépend de la profondeur de la mer, des marées…..et certainement d’autres éléments.
Chaque jour, je me sens un peu plus à l’aise, demain ma mission est de m’occuper du linge. Comment cela se passe. Pour le ménage c’est géré, pendant la crise on a la charge de l’entretien de notre cabine.
La plupart des personnes à bord, filiale Orange ne savent pas qu’il y a un service de santé au travail. Voilà une accroche intéressante pour échanger, parler de nos missions. Arrivée récemment sur Win, c’est un lien tout trouvé.
Crédits photos : © Laurent Miquel