Les armateurs français se mobilisent pour la transition écologique et énergétique

Lundi 15 octobre, Armateurs de France a organisé son deuxième atelier du transport et des services maritimes sur le thème : « Les armateurs de France confrontent leurs idées pour une marine marchande respectueuse des enjeux climatiques et des objectifs de santé publique ».

Les armateurs français et leur proche écosystème (gestionnaires portuaires, acteurs logistiques et de la construction navale, représentants institutionnels, partenaires financiers et avocats) se sont réunis au siège du groupe Louis Dreyfus Armateurs pour échanger sur les perspectives de mutation de leur industrie à la lumière des grandes évolutions réglementaires internationales, avec entre autres, à terme la décarbonation totale. Leurs objectifs : affiner leurs positions face aux grands enjeux environnementaux, capitaliser leurs solutions, et mettre en perspective leurs attentes.

A l’issue de cette séance de travail, Elisabeth Borne, Ministre chargée des Transports, est venue à la rencontre des armateurs pour dialoguer avec eux, en présence de députés de la MariTeam.

Le secteur est prêt à s’adapter aux nouvelles règlementations internationales…

Le secteur du shipping a fait de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de soufre une de ses grandes priorités.
Rappelons que le "Global Cap 2020", ou plus précisément "Global Sulphur Cap 2020", adopté par l'Organisation Maritime Internationale (OMI) en octobre 2016, impose une limitation des émissions de dioxyde de soufre à 0,5% sur l'ensemble des mers du globe, contre 3,5 % aujourd'hui, et ce, dès le 1er janvier 2020 en dehors des zones d’émissions contrôlées.
Toujours à l’OMI, à l’occasion du 72e Comité de protection de l’environnement du milieu marin (MEPC) en avril dernier, plus de 100 pays se sont mis d’accord sur une stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre du transport maritime. Celle-ci prévoit de parvenir au point culminant des émissions de gaz à effet de serre provenant des transports maritimes internationaux aussitôt que possible et de réduire le volume total de ces émissions annuelles d'au moins 50 % d'ici à 2050, par rapport à 2008, tout en poursuivant l'action menée en vue de leur élimination progressive.

Engagés dans ce processus de réduction de l’empreinte environnementale de leurs activités, les professionnels de l’industrie du shipping français, pleinement conscients des enjeux de santé publique et climatiques, mettent déjà en œuvre des solutions de transition.
Pour limiter les émissions de soufre, les armateurs peuvent équiper leurs navires d’épurateurs de fumées autrement appelé « scrubbers ». C’est l’option qu’a choisi Brittany Ferries en équipant six de ses navires lors du passage de la Manche en zone d’émissions contrôlées (en 2015, cette zone a vu le taux de soufre des carburants utilisés à bord des navires marchands réduit à 0,1 %). Une autre solution consiste à propulser les navires avec des carburants désoufrés (soit un maximum de 0,5% de soufre), comme le GNL (Gaz Naturel Liquéfié) qui n’émet pratiquement pas de soufre à la combustion. Cependant, une grande incertitude demeure quant à la disponibilité et la qualité de ces carburants conformes.

Concernant les émissions de gaz à effet de serre, il n’existe pas encore de solutions décarbonées mais les armateurs mettent d'ores et déjà en œuvre des moyens permettant de réduire les émissions : 

  • ils utilisent des propulsions alternatives telles que l'électricité ou le GNL, seule solution aujourd’hui mâture et immédiatement disponible pour réduire les émissions de CO2 ; mais qui n'est malheureusement qu'une réponse de transition aux ambitions de l’OMI qui engage le transport maritime vers la décarbonation totale.
  • ils améliorent l’efficacité énergétique des navires et réduisent ainsi les émissions de gaz à effet de serre en abaissant la consommation de carburant (design et peinture des coques, optimisation de la propulsion et de la conduite des navires, design des hélice…)
  • certains envisagent l'hydrogène ou la propulsion vélique. Ce sont des options intéressantes à étudier en fonction du type de navire et de ses traversées.
  • Enfin, d'autre optimisent la vitesse de leurs navires. Cette mesure est une solution efficace et disponible immédiatement pour certains secteurs. Elle est défendue par Armateurs de France et sera étudiée lors du prochain MEPC à Londres.

… avec l’appui des pouvoirs publics

Les armateurs ont profité de la présence d'Elisabeth Borne, Ministre chargée des transports, pour interpeller le Gouvernement en rappelant que l’industrie du transport et des services maritimes française est, non seulement un secteur clé de l’économie avec 22 000 emplois directs, mais également un vecteur essentiel de mise en œuvre de la transition écologique et énergétique. Ils invitent les pouvoirs publics à élaborer, ensemble, les évolutions clés -notamment réglementaires- indispensables à la compétitivité des filières.
En réponse, Elisabeth Borne a confirmé que les acteurs économiques qui sauront mieux anticiper que d'autres ces enjeux en tireront un avantage compétitif, et qu'il appartient à la puissance publique de donner à ces acteurs un cadre claire, stable, et de les accompagner par des mesures incitatives. 

Elle a proposé en outre de travailler, avec les armateurs, sur 3 autres chantiers :

  • l'Europe maritime : l'Europe doit pouvoir mieux s'appuyer sur la puissance économique, industrielle et commerciale des armateurs.
  • la simplification : le Gouvernement a pour objectif de libérer les énergies pour favoriser le développement de l'économie. Le renforcement du guichet unique pour les armateurs en est une bonne illustration.
  • l'attractivité de la place maritime française. La France a tous les atouts pour s'engager dans une politique dynamique. On sait, par exemple, que nos marins ont des compétences qui sont reconnues dans le monde entier. L'emploi et la formation méritent donc toute l'attention des pouvoirs publics, notamment pour que la qualification des jeunes dans les lycées maritimes ainsi qu'à l'ENSM se maintienne à un niveau d'excellence.

Secteur public comme privé, nous défendons tous un objectif commun : permettre à nos entreprises de faire face aux enjeux climatiques et de santé publique.

Il faut désormais unir nos forces et agir vite pour accélerer l'engagement déterminé des armateurs dans la transition écologique et énergétique.

 

Pour en savoir + :
- communiqué de presse conjoint du Ministère chargé des transports et d'Armateurs de France : "Elisabeth Borne et les armateurs français confirment leur engagement pour un transport maritime plus propre"
- communiqué de presse suite au MEPC 72
communiqué de presse à l'occasion de la conférence internationale « Vers un transport maritime décarboné », organisée à l’initiative d’Elisabeth Borne  avec les pays signataires de la déclaration Tony deBrum, dans le cadre du suivi du One planet Summit de décembre 2017

De gauche à droite sur la photo : Philippe Louis-Dreyfus, Président du Conseil de Surveillance du groupe Louis Dreyfus Armateurs, Elisabeth Borne, Ministre chargée des transports, Jean-Marc Roué, Président d'Armateurs de France et de la compagnie Brittany Ferries.

Date publication: 
Mardi, 16 octobre, 2018 - 11:30
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