3 QUESTIONS AU PRÉSIDENT DU COMITÉ ÉCONOMIE FISCALITÉ D’ARMATEURS DE FRANCE

Marc Etcheberry, Directeur Général de Geogas, est Président du comité de pilotage Économie Fiscalité d’Armateurs de France depuis février 2023. Il répond à trois questions.

 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le Comité Économie & Fiscalité d’Armateurs ? Quels sont ses objectifs ?

Le Comité Économie Fiscalité est l’un des comités thématiques que les équipes d’Armateurs de France animent avec la participation active des spécialistes de chacun des armements. Ces comités, et donc le Comité Économie Fiscalité, ont pour vocation :

  • d’alimenter, par l’expérience de chacun, la veille technique sur les sujets de financement, de fiscalité et économiques ;
  • de permettre à Armateurs de France de maintenir un lien, nourri de ces compétences, avec les services des administrations concernées ( la Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l'aquaculture (DGAMPA), le Ministère de l ‘Economie et des Finances, ainsi que les institutions européennes et internationales) ;
  • d’établir un consensus entre armateurs sur les décisions techniques que devra prendre ultimement l’organe décisionnel d’Armateurs de France, le Comité  Exécutif, et structurer ainsi les positionnements stratégiques de l’organisation sur ces sujets.

La « matière » traitée par ce comité est particulièrement importante dans une industrie fortement capitalistique et dans laquelle la gestion des actifs, à savoir les navires, et de leur financement se fait dans la durée avec des décisions d’investissement qui sont prises pour les 20 ans à venir. Il en va donc de la solidité financière de chacun de ses membres – petits ou grands - que de défendre une unité sans faille sur ces sujets stratégiques.

 

Vous présidez désormais le comité, quelles sont les priorités identifiées et les travaux à mener pour l’année 2023 ?

Je souhaite tout d’abord saluer le travail de mon prédécesseur, Gildas Maire (Louis Dreyfus Armateurs), dans la défense des intérêts « Économie - Fiscalité » de la communauté armatoriale ces dernières années et notamment durant le long et fastidieux processus du Fontenoy du maritime et de son suivi. L’industrie maritime sort d’une période particulièrement mouvementée ayant provoqué des disparités de « fortune » très importante entre les armements. Les enjeux réglementaires (EEXI1, CII2 etc..) raccourcissent considérablement les horizons d’investissement et de durée de vie économique de nos navires.

Mon objectif sera le maintien de l’unité de la communauté, quelles que soient les spécialités (navires de services, navires de charge, ferries, croisière etc…), la taille des armements, leur structure capitalistique, pour que les outils économiques et fiscaux que la filière a mis en place, et fait évoluer, restent ouverts à tous et servent tous les armateurs.

Il est donc primordial, d’une part, de conforter les piliers que constituent la taxe au tonnage et le financement en crédit-bail, et de renforcer, d’autre part, le financement des options « viables » techniquement de transition énergétique (nouvelle motorisation etc…) pour asseoir les futurs investissements. Etant pour une grande majorité des entreprises privées à capitaux familiaux, ces objectifs ne seront réalisables que par de nouveaux dispositifs pour renforcer/apporter les fonds propres nécessaires à ces développements. C’était l’un des enjeux du Fontenoy et malgré les multiples propositions d’Armateurs de France, ce chantier reste ouvert !

 

L’année 2022 a été marquée par le conflit ukrainien, pouvez-vous nous décrire les conséquences pour le secteur ?

Ce conflit, sur le territoire européen, n’a fait que renforcer, après la crise du COVID, la nécessité pour les Etats de recouvrer leur souveraineté maritime sur leurs approvisionnements en marchandises de première nécessité (COVID) et maintenant énergétiques (vrac liquide : GNL, GPL, hydrocarbures). Ces enjeux ont toutefois eu des conséquences positives pour le marché français : forte croissance du secteur conteneurisé ayant permis des investissements majeurs dans la logistique (particulièrement stratégique), redéveloppement de l’activité de transport de GNL (secteur historique français), accélération de la transition énergétique pour tous les armements. Toutefois, l’enjeu de la « souveraineté financière » des Etats et des entreprises va devenir de plus en plus prégnant : la dette des Etats a cru de façon substantielle et parfois incontrôlée, l’inflation que l’on croyait un phénomène réservé à nos vieux livres d’économie entame largement les capacités d’investissement futurs des entreprises, la défiance des banques européennes pour les financements d’actifs (comité de Bâle / décarbonation) bénéficie aux nouveaux créanciers asiatiques.

 


Energy Efficiency Index for Ships In Service

Carbon Intensity Indicator


Crédits photos : © Geogas 

Date publication: 
Jeudi, 11 mai, 2023 - 11:00
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